Après une période de turbulences, le ciel semble s’éclaircir pour les Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI). Une ordonnance publiée le 4 juillet 2024 au Journal Officiel introduit en effet des changements réglementaires majeurs, de nature à redonner des couleurs à ce véhicule d’investissement immobilier non coté, tout en facilitant son accès aux particuliers.
Un environnement économique morose qui a nui à l’attractivité des SCPI
Il faut dire que ces derniers mois, les SCPI ont traversé une zone de fortes turbulences. Avec la remontée des taux d’intérêt et la crise du marché des bureaux, de nombreux fonds ont vu la valeur de leurs actifs immobiliers dégringoler. Certaines sociétés de gestion ont dû procéder à des baisses douloureuses du prix des parts, jusqu’à -14 % pour Elysées Pierre du géant HSBC REIM.
Dans le même temps, la chute des valorisations a logiquement refroidi les ardeurs des investisseurs. Sur les 6 premiers mois de 2024, la collecte nette des SCPI n’a atteint que 1,7 milliard d’euros selon l’Aspim, un niveau dérisoire comparé au pic de plus de 10 milliards enregistré en 2022. Pis, les montants en attente de retrait ont flambé à 2,6 milliards d’euros, de nombreux détenteurs souhaitant récupérer leur mise.
Une nouvelle donne réglementaire pour regagner en attractivité
Face à cette perte de vitesse, les pouvoirs publics sont intervenus pour redonner des perspectives au marché des SCPI. L’objectif était double : diversifier les sources de revenus pour ces véhicules et les rendre plus abordables et transparents pour les particuliers.
Sur le premier point, l’ordonnance autorise désormais les SCPI à investir dans les énergies renouvelables comme le photovoltaïque et l’éolien, et à revendre l’électricité produite. Une diversification bienvenue pour ces fonds jusque-là cantonnés à l’immobilier traditionnel. Sur le volet transparence, une nouveauté de taille fait son entrée : l’obligation pour les SCPI d’évaluer leurs actifs deux fois par an, contre une fois auparavant. Un gage de sincérité renforcé pour les investisseurs, qui disposeront d’une vision plus fidèle de la valorisation de leur patrimoine.
Mais c’est l’article 12 de l’ordonnance qui constitue la véritable révolution : la suppression du montant nominal minimal de 150 € par part de SCPI. Jusqu’ici, le prix de souscription devait être supérieur ou égal à ce montant, et aucune SCPI n’affiche à ce jour un prix par part inférieur à 180 €. En faisant tomber ce verrou, la voie est ouverte à des tickets d’entrée nettement plus abordables. Les sociétés de gestion disposeront d’une nouvelle marge de manœuvre pour créer des parts “grand public” à bas prix.
Une opportunité en or pour les petits investisseurs
Cette mesure va permettre aux particuliers désireux de se constituer un patrimoine immobilier sans avoir à débourser une lourde mise de départ, d’investir de façon plus progressive. Ils pourront par exemple épargner sur des petits montants de quelques centaines d’euros à un rythme régulier et aborder ce placement de façon modulable selon leurs budgets et leurs objectifs. Faire du DCA en SCPI semble devenir possible.
Mieux, la possibilité de baisser significativement les prix de souscription pourrait bien permettre aux SCPI de gagner en popularité auprès du grand public. On peut aisément les imaginer s’immiscer à la portion congrue des portefeuilles d’épargne des Français, comme un produit d’investissement immobilier récurrent et abordable.
S’ils doivent désormais composer avec un environnement contrasté, entre poursuite des contraintes sur les valorisations et volonté réaffirmée de redonner de l’élan au secteur, cette avancée réglementaire offre une rampe d’accès aux particuliers pour accéder plus simplement à la pierre-papier. Un virage bienvenu pour démocratiser un univers longtemps réservé aux initiés et investisseurs aisés.